Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Au fil des jours ..
29 août 2006

Magicien d'un seul tour

Patrick Richey était docteur dans un paisible petit village des Etats Unis, loin des grandes villes et de l'agitation de ses populations.

Les distractions étaient peu nombreuses, dans un coin reculé, au milieu des années 30, et comme tout notable qui se respecte, Patrick se devait d'assister aux réunions mondaines du cercle de la ville. Les discussions étaient souvent sans intéret, pour un jeune célibataire dont l'érudition scientifique lui faisait fuir les banalités les plus communes. On y parlait des derniers évènements locaux, des modes de la ville, et les femmes colportaient les rumeurs les plus sulfureuses : rien qui ne passionnait Patrick, mais il y avait, toujours en retrait, un petit homme curieux, timide, qui agitait des pièces et remuait des cartes. Dans ses mains agiles, les pièces disparaissaient d'un endroit pour réapparaître à un autre, il produisait des cartes de nulle part, et après avoir escamoté les foulards de ses dames, les faisaient retrouver dans des endroits improbables. Cette conversation là, ce dialogue silencieux, tout aussi remarquable qu'inattendu dans un tel lieux, passionnait patrick. Secrètement il fixait toute son attention sur les mains de l'artiste, comme pour en percer les secrets, comprendre l'origine de ses charmes. Il prenait bien soin de ne pas être pris en flagrant délit de rêve, lui l'adulte, lui le médecin raisonnable et connu de tous.

Ainsi, chaque dimanche il venait, commençait par se joindre au groupe de ses hôtes, par simple politesse, puis délicatement et sans attirer l'attention, comme un chat à l'affût, glissait vers ce petit monsieur aux si grands miracles. D'un oeil faussement distrait, il observait et échaffaudait de nombreuses théories sur  tous ces poèmes merveilleux qui tiennent dans le creux d'une main. Bien sûr, une fois rentré chez lui, et a l'abri des regards, il essayait maladroitement de reproduire, entre deux patients il sortait ses cartes, utilisait la monnaie qu'on venait de lui donner, s'efforçait de la faire disparaître, mais il se jugeait bien mal et très gauche. Peu fier de ses performances, il ne montrait jamais rien de ses résultats et gardait ses trouvailles pour lui seul, puis il se sentait contraint par sa fonction. Un médecin peut-il s'adonner à ces jeux curieux ? Peut-il perdre son temps a des chôses aussi futiles ? N'a-t-il pas mieux à faire ? N'a-t-il jamais  fini de sauver des vies ?

Il finit par comprendre qu'il ne pourrait montrer qu'un tour, et à condition que celui-ci soit parfait, il était condamné à la perfection. Il fallait aussi qu'il présente ce dernier comme une expérience, comme une curiosité, plutot qu'un tour, car sa fonction le lui interdisait.

<toupi compter nous de>

Publicité
Publicité
Commentaires
Au fil des jours ..
Publicité
Publicité